Netanyahou veut faire avancer les choses, selon un membre du parti travaillist
27/05/09
European jewish press
Yossi Lempkowicz

BRUXELLES (EJP)---"Je ne crois pas qu'il y ait eu conflit entre le président Barack Obama et le Premier ministre Benjamin Netanyahou lors de leur récente rencontre à Washington contrairement à ce que certains ont voulu faire croire", selon Colette Avital, membre du parti travailliste israélien.
Le parti travailliste d'Ehud Barak a rejoint en mars dernier la coalition gouvernementale dirigée par le chef du Likoud.
Colette Avital, qui fut notamment pendant 10 ans élue à la Knesset, le parlement israélien, est aujourd'hui secrétaire internationale du parti travailliste.
Dans un entretien avec EJP à l'occasion de son passage à Bruxelles, elle déclare : "La rencontre de Washington était destinée à faire connaissance. Un conflit ce n'était dans l'intérêt ni des uns ni des autres. Et puis pour Netanyahou il y a deux choses essentielles : il se rend compte mieux que toute autre personne que les relations avec les Etats-Unis sont un atout stratégique pour Israël auquel il ne faut absolument pas toucher. Secundo, je crois que Netanyahou a appris ses leçons. Si son premier mandat comme Premier ministre s'était soldé par un échec, il ne veut pas entrer dans l'histoire avec un deuxième échec. Netanyahou a le choix : soit être quelqu'un comme Yitzhak Shamir, qui n'a rien fait et dont le mandat s'est soldé par l'immobilisme total, ou alors faire comme Menahem Begin qui semble être un
modèle à suivre. Lui est resté dans l'histoire. Celui que l'on redoutait tellement est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs Premiers ministres d'Israël".
"Je crois sincèrement que Netanyahou veut faire des choses, veut avancer mais il faut essayer de comprendre sa marge de manœuvre intérieure. Non seulement il a des problèmes de coalition, mais ceci peut être réglé – si Lieberman venait à sortir, Kadima rentrerait – donc il peut assurer la suite. Mais son plus grand problème se situe au sein de son propre parti, le Likoud. Il doit pouvoir convaincre les gens de son parti que le parcours n'est pas risqué et peut profiter à l'Etat d'Israël, à la survie de l'Etat en tant qu'Etat juif ".
Colette Avital admet que des déclarations récentes d'Avigdor Lieberman (le ministre des affaires étrangères) "n'aident pas les choses". Mais elle tempère: "Ces déclarations sont faites pour l'opinion publique israélienne ou pour gagner des points dans certains milieux.
Je suis persuadée qu'elles vont évoluer car les gens évoluent une fois qu'ils prennent leurs fonctions, commencent à connaître les dossiers d'une autre manière et voient quels sont les intérêts essentiels d'Israël".
Elle constate d'autre part avec crainte que la solution des deux états - préconisée par les Etats-Unis et l'Union européenne mais dont Netanyahou ne parle pas- devient de moins en moins populaire parmi les Palestiniens aussi. "Il y a de plus en plus de gens parmi l'intelligentsia palestinienne qui parlent d'un seul état bi-national. Ce n'est certainement pas la solution à entrevoir".
"A cela il faut ajouter que les Palestiniens ont de plus en plus difficiles à régler leurs problèmes intérieurs. Un gouvernement d'unité, il n'en est plus question en ce moment. Il faudra un genre de plan régional. Si le président Mahmoud Abbas a derrière lui les pays arabes qui le soutiennent, ce sera le Hamas qui sera mis hors du jeu de cette manière. C'est en quelque sorte la stratégie du roi de Jordanie....".
Avital est persuadée que les choses vont se débloquer entre l'Union européenne et Israël, mentionnant la prochaine visite de Benjamin Netanyahou en France (à l'invitation du président Nicolas Sarkozy) et en Italie, pour une rencontre avec le Premier ministre Silvio Berlusconi.
"Il est vrai que pour le moment on est dans une situation d'attente mais je crois que la politique de l'Europe a toujours été liée au processus de paix. Il y a toujours eu cette conditionnalité dans le réchauffement des relations. Chaque fois qu'il y a eu un accord UE-Israël c'était dans une période où il y avait des négociations avec les Palestiniens".
"Personnellement je ne crois pas que des sanctions contre Israël soient la bonne voie car elles ne touchent pas le gouvernement mais bien la population. Au contraire j'ai toujours pensé que l'Europe pouvait faire des choses pour encourager le processus de paix".
Née à Bucarest, en Roumanie, Colette Avital a fait son aliyah en Israël avec sa famille en 1950. Elle a fait carrière aux Affaires étrangères, devenant notamment ambassadrice d'Israël au Portugal de 1988 à 1992, consul général à New York de 1992 à 1996 et ensuite directeur adjoint du ministère des affaires étrangères en charge de l'Europe occidentale. En 2007, elle fut candidate à l'élection présidentielle remportée par Shimon Peres.